Chez Tiubuk

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Aujourd’hui, je parle d’accordéon… De Jokers précisément, le dernier album en trio de Vincent Peirani. Bon, normalement, j’aime pas du tout l’accordéon : c’est un instrument compliqué de vieux, un truc désuet pour danser dans les fêtes ringardes de village ou chanter d’affreuses ritournelles de marins… Vous allez me rétorquer "mais dans le *pirate metal, y'a plein d’accordéon pour boire du rhum en pogotant"… Oui, alors ça reste de la musique de marin aviné du coup… Je suis pas trop fan de *pirate ou folk ou pop metal mais c’est une autre affaire donc on reparlera peut-être…

MAIS…

… à l’écoute d’un titre de Jokers sur France Musique, j’ai été intrigué. J’ai donc pris le temps d’écouter cet album. Il m’a perturbé, interrogé, fasciné et finalement convaincu que mon problème ne venait pas de l’accordéon mais de l’image que j’en ai, colportée depuis des décennies par des émissions nazes et des stars d’outre-temps, voire d’outre-espace…

Maintenant, écoutez Les Larmes de Syr

Vincent Peirani, Jokers

L’accordéon est bien plus malin qu’il n’y paraît : il est capable de sonner comme un piano électrique, peut-être même un clavecin de poche, ou comme un harmonica, une flûte, une cornemuse, un synthé, parfois comme une guitare (oui oui)… à condition d’avoir l’artiste talentueux/se et érudit⋅e derrière la bandoulière ! Vincent Peirani en est un, de musicien talentueux. Je vous laisse parcourir sa biographie… Jazzman en apparence, il brasse bien plus large et absorbe, transforme et créé la musique par le prisme d’une incroyable créativité. Dans Jokers, il touche au jazz, au rock, aux mélodies anciennes et à l’électro, mêlant, déstructurant les courants, pour mieux perdre l’auditeur ou l’auditrice, avant de lui prendre la main et de l’emmener vers un autre rivage… Et ça commence dès le premier titre, une reprise de… Marilyn Manson ! Oui, oui, vous avez bien lu…

Avec ses complices Federico Casagrande à la guitare et Ziv Ravitz à la batterie et aux claviers, Peirani compose une mosaïque époustouflante qui résonne longtemps, et l’accordéon n’est bientôt plus qu’un carreau aux multiples formes et couleurs dans cet ensemble lumineux. Ce disque nécessite plusieurs écoutes, de plusieurs manières pour bien l’appréhender, l’accepter et le comprendre. C’est exigeant mais tellement satisfaisant quand on se laisse piéger…

Jokers, à écouter et acheter sur Bandcamp. et ce lien n’est pas sponsorisé !